Overblog
Editer la page Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Port crouesty 2007 (arrivée du Raid du golfe du Morbihan)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Saint Gilles 2008 (Diagonale des Fous)

P1010190.JPG

Recherche

Programme 2012

programme pour 2012

21 janvier: RAID 28 trail orientation en équipe 95 km 1200 D+

29 avril: RADICATRAIL 56 km 1250 D+

13  mai:   TRAIL PAYS DE BRAY 55 km 1100 D+

22 - 23juin: GRAND RAID 56  177 km 

23 - 26  juillet: FRA LI MONTI (GR 20) 175 km 12000 D: en off, objectif 96 heures maxi.

9 - 16 septembre:     TOR DES GEANTS    330 km  24000 D+

8 décembre: TRAIL DU TOUR DU CANTON    82 km  1000 D+

/ / /

Quelles sont les données du problème en ce vendredi soir au départ de Chamonix:

D’une part, de gros problèmes gastriques depuis juin 2005 qui m'empêchent de manger et boire. Le dernier ultra s’est soldé par un abandon au 94ème km à Vannes lors du Raid du Golfe du Morbihan; ce problème  semble résolu depuis mi-juillet 2006 après une manipulation du diaphragme.

D’autre part, une feuille de route basée sur 45h00, qui est le temps limite autorisé, avec un coefficient de ralentissement de 0,6 (c’est à dire que j’estime que ma vitesse de course finale sera 60% de ma vitesse au départ de Chamonix). Les temps prévus par cette feuille de route flirtent avec les barrières horaires éliminatoires (par exemple, avance de 11 mn à Champex et même retard de 1 mn à Vallorcine). Cette feuille aura une importance stratégique par la suite, au niveau mental.

 

Chamonix- les Houches:

Départ ultra lent en fin de cet immense peloton de 2500 traileuses et trailers qui s’élancent de la place du Triangle de l’Amitié. Très rapidement, je m’arrête pour enlever la polaire. Une voiture arrive, le conducteur m’annonce qu’il ne reste que 5 concurrents derrière moi. Je suis vraiment parti très lentement, et malgré tout, je peste d'être aller un chouïa trop vite car j’arrive aux Houches avec 15 minutes d’avance sur ma prévision.

 

Col de Voza- les Contamines:

Montée tranquille, là où je me traînais l'an passé entre deux quintes de toux ! Et j'arrive frais comme un gardon, dans une ambiance de feu, aux Contamines là où j'avais compris en 2005 que je n'irai pas au bout de l’UTMB. 11 mn d’avance sur ma prévision.

 

Col du Bonhomme- les Chapieux:

RAS, je monte tranquille. Il n'y a pas de vent, beaucoup moins froid qu'en 2005. Puis descente prudente, sans chute cette fois ci. Par contre, les soupes avalées précédemment prennent la fâcheuse tendance à vouloir ressortir et je sens les prémices des douleurs au ventre qui m'ont crucifié au Raid du Golfe du Morbihan.

Je prends un gros coup de bambou au moral. Je décide alors

1) d'arrêter de courir et de marcher uniquement.

2) de prendre exclusivement du thé avec 2 ou 3 sucres, ce qui passe bien (bien que je n'en boive jamais habituellement)

 

Col de La Seigne – Refuge Elisabetta:

Magnifique lever de soleil sur le versant italien.

Les temps prévus sont tenus (en avance de 9 mn au col, puis en retard de 3 mn au refuge). A Elisabetta, je croise olivier74 les larmes aux yeux, un ligament out, dur !

Je rentre dans la tente médicale. Le toubib me fait un rapide coup d'ostéopathie "grosse mode" comme il dit, en plein vent, et il m'assure que le diaphragme est libre.

 

Lac Combal- arête du Mont Favre- col Checroui-Courmayeur:

Jusqu’au lac, c'est plat et pourtant je ne fais que marcher car la douleur pointe sa sale trogne, dès que je trottine. Il faut faire avec. La suite se monte et se descend sans encombre. Quel balcon sur le versant Sud du Mont Blanc ! Courmayeur est atteint à 11h47 soit une avance de 6 mn. Ponctuel !

Dans le grand gymnase de Dolonne, je tente une bouchée de pâtes et ressort aussitôt au pas de course de la salle pour épargner un spectacle déplaisant à mes voisins. Il faut s'y faire: l’estomac m'interdit la nourriture et la course. Je me mets alors dans la tête que je démarre une longue-longue rando et hardi petit.

 

Refuge Bertone- Arnuva:

A la sortie de Courmayeur, j'achète un sorbet citron. Maxithon me demande si je l'avais emmené dans mon sac (!) Ce sorbet me requinque complètement et je monte à Bertone en compagnie d'un vieux grognard qui compare UTMB et GRR et qui râle contre les barrières horaires de l'UTMB qu’il juge trop serrées.

Le parcours en balcon est de toute beauté avec ces glaciers. A Arnuva, surprise, le temps prévu est toujours tenu (avance de 6 mn).

 

Grand col Ferret- La Fouly:

Sachant que ma vitesse prévisionnelle décroît de façon non négligeable (0,60, rappel pour ceux qui ne suivent pas), je comprends alors que même sans courir, je peux très bien aller au bout du bout. Et c'est avec un moral d'enfer que j'attaque le col du Grand Ferret, toit de l’UTMB, où je double Koline.

La pluie n'entame pas ma bonne humeur, ni même une chute sans gravité dans la descente.

A la Fouly, je suis toujours impeccablement ponctuel (avance 12 mn). Je me renseigne sur Olivier H. qui vient malheureusement d'arrêter ici même une demi-heure plus tôt. La prochaine fois, il faudra travailler avec les téléphones mobiles pour s'épauler mutuellement.

Ce ravitaillement, c’est un peu la cour des miracles. Il pleut à seau dehors, il est 1 heure du matin, beaucoup de concurrents parlent d’abandon. Alors que je me pose moi même des questions, je fais le kakou en empoignant mon sac, je leur dis sentencieusement qu’ils le regretteront dès le lendemain, et je m’enfonce dans la nuit noire et les trombes d’eau. Je croise Koline qui arrive et qui renonce elle aussi.

 

Praz de Fort- Champex:

A Praz de Fort, pendant que je perce une ampoule avec une épingle du dossard (c'est radical), un indélicat m'emprunte mes bâtons en profitant que j'ai le dos tourné (sic !).

Je suis fou de rage.

Heureusement, un dénommé Pascal, ensommeillé et qui abandonne, me prête les siens. Merci encore Pascal, tu m'as sauvé. Je retrouve l'indélicat à Champex, récupère mes bâtons, lui prête ceux que j'ai empruntés et lui fait promettre publiquement qu'il les rendra à son propriétaire.

Miracle ! Cette colère m'a ouvert l'appétit et j'avale une assiette de pâtes et des compotes, pour repartir 12 mn avant la barrière éliminatoire, exactement suivant la feuille de route.

 

Montée de Bovine- Trient- montée des Tseppes- Vallorcine:

Je double tant bien que mal, en raison de l'étroitesse du sentier, des groupes qui montent lentement vers Bovine. Le sentier ressemble par moments à un ruisseau.

Sur le sentier à flanc avant l'alpage, seul dans le brouillard, avec les lumières oranges de Martigny tout en bas, je savoure un moment égoïste de communion avec cet environnement montagnard. A Bovine, je suis en retard de 2 mn. Je « plonge » vers Trient d’où je repars avec une avance de 3 mn ; je commence à être persuadé que c'est (presque) gagné.

Revigoré par un chaud soleil, j'avale la dure montée des Tseppes où j'arrive en avance de 35 mn, puis descente jusqu’à Vallorcine où l’avance est maintenant de 1h02.

 

Le final sur un nuage:

Il est 11h00 en allant vers le col des Montets, dernière difficulté, et, avec un compagnon de fortune, nous supputons nos chances d'arriver à Chamonix à 14 h00 c'est à direavec une marge de 2 heures sur la limite de 16h00. A partir du col, je décide de recommencer à courir, pour la descente schuss dont j'ai si souvent rêvé depuis des mois. Je vis alors 2 heures de plénitude comme encore jamais en course. Aucune douleur, l'impression de glisser souplement sur le terrain, la grosse bouffée d’adrénaline, quoi!

Avant d'entrer dans Chamonix, je ralentis très fort pour admirer encore une fois le Mont Blanc et savourer dans le silence ces instants magiques. Puis, j’entre dans Chamonix, on crie mon prénom, je salue les spectateurs, je remercie, je pense à mon père décédé beaucoup trop tôt il y a dix huit ans, et j'essuie discrètement quelques larmes tout en courant à travers les rues.Je me dis que je suis un gros con, l’UTMB ce n'est qu'une course, rien qu'une course.

Mais c'est aussi beaucoup plus qu'une course.

13h12. C'est fini, quelques UFO me félicitent, je rayonne.

 

Merci aux Poletti pour cette course et à tous les bénévoles.

Partager cette page
Repost0